La désillusion créatrice : Merleau-Ponty et l’expérience du réel
La philosophie de Merleau-Ponty ouvre une voie nouvelle sur la question du réel. Ce dernier ne peut plus être compris comme un donné ontologique à partir duquel la conscience élabore différents systèmes d’interprétation du monde et de l’homme. Le réel est une dimension de l’expérience, une forme de contingence qui ne surgit qu’en elle et par elle. L’impression d’évidence qu’il suscite correspond à la prise de conscience de la vacuité d’une forme imaginaire avec laquelle nous avons vécu jusque-là et qui tombe, soudain, face à une évidence nouvelle. On ne saurait donc conceptualiser le réel, autrement dit l’encercler dans nos constructions subjectives. Celles-ci, en effet, ne toucheront au réel qu’à l’instant où elles deviendront obsolètes, c’est-à-dire au moment où sera révélé le préjugé imaginaire qui les fonde. Plus que toute autre philosophie, celle de Merleau-Ponty se confronte au réel, à la structure énigmatique de son expérience, sans nier ce qui en fait sa caractéristique même, à savoir sa résistance.
Agrégé et Docteur en philosophie, Guillaume Carron enseigne au lycée et à l’université. Spécialiste de l’oeuvre de Merleau-Ponty, il travaille sur les rapports du réel et de l’imaginaire dans la philosophie contemporaine et s’intéresse également à la question du « style » du discours philosophique.
Sa recherche lui a valu d’être récompensé par le prix de thèse 2010 de l’université Lyon 3 et par le « Prix jeune chercheur de la ville de Lyon » en 2012.