Archives municipales de Lyon
avec Claude Gautier
« On a parfois l’impression que parler des « femmes », renvoyer à l’opposition générique entre « hommes » et « femmes » suffirait à faire de toutes celles qui font l’expérience de la domination et de l’oppression un groupe social homogène. L’histoire des luttes des femmes, l’histoire des féminismes est là pour montrer qu’à l’évidence, ce n’est pas le cas. Qu’y a-t-il de commun entre la condition de la femme bourgeoise et celle de la ménagère qu’elle emploie à la maison pour faire le travail domestique, garder les enfants, etc. Et qu’en est-il lorsque cette dernière est noire ou étrangère ou en situation irrégulière ? Qu’y a t-il de commun entre la condition des femmes noires racisées et celle des femmes blanches actives à fort pouvoir économique et pouvant soustraiter le travail de « care »? … En réalité les conditions faites aux femmes réfractent les différences et les formes d’inégalités qui traversent la société. La question se pose alors de savoir à quoi peut renvoyer un « sujet politique féminin »? Pour le dire autrement, est-il pensable de reconstruire, par delà les différences et les inégalités — de race, de genre, de conditions sociales, etc. —, quelque chose comme un sujet politique unifié dont la force permettrait de transformer avec plus d’efficacité les conditions d’existence et d’expérience des femmes ? »
Bibliographie : Bell hooks, 2015: Ne suis-je pas une femme? Paris, Edition Cambourakis, Col. « Sorcières »; il n’y a pas de majuscules aux nom et prénom et c’est délibéré.
Laure Bereni, Sébastien Chauvin, Alexandre Jaunait, Anne Revillard, 2012: Introduction aux études sur le genre, Paris, De Boeck Supérieur
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