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« Petit lexique de la crise sanitaire : ce que les mots veulent bien dire »
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Depuis les débuts de la crise sanitaire, le vocabulaire des hommes politiques — celui des gouvernants bien sûr, mais aussi celui des scientifiques, des experts et des journalistes — s’est étendu et enrichi pour parler de l’épidémie, de santé publique, etc. Cette extension et cet enrichissement passent, le plus souvent, par l’invention de nouvelles expressions, par l’apparition de nouvelles significations à propos de mots tirés du vocabulaire commun. Ainsi en est-il, par exemple, de mots comme « confinement », « distanciation », « contrôle », « risque », « risque sanitaire », « précaution », etc. Il s’agit là de termes relativement courants qui, à la faveur de la crise et des circonstances particulières que nous traversons depuis Février-Mars 2020, revêtent des significations nouvelles, désignent des réalités inédites. Tout un vocabulaire jusque-là relativement effacé devient présent et consacre de nouvelles manières de dire pour désigner de nouvelles manières de faire avec le « réel ».
On voudrait partir de l’hypothèse que l’exploration de certains éléments de ce nouveau vocabulaire permet de cerner autrement les dimensions politiques de la crise sanitaire et sociale. Je souhaite consacrer les trois interventions de cette année à étudier quelques-uns de ces mots, quelques-unes de ces expressions, pour identifier leurs significations, pour repérer les inflexions de sens et les enjeux socio-politiques qu’ils dénotent et, le plus souvent, masquent. On aura aussi recours à l’histoire des mots et de leurs usages pour mettre en évidence ces évolutions.
1-« Contrôler la progression de l’épidémie ». 19/0121 Périscope
L’exigence de contrôler l’évolution de l’épidémie a imposé la mise en place de techniques de surveillance, qu’il s’agisse de l’espace géographique des territoires, des durées, etc. On reviendra sur ce terme de contrôle pour tenter d’en comprendre les significations. On l’associera à la question du « regard à distance » et on s’efforcera de montrer que « contrôler » c’est « regarder », mais d’une certaine manière, et que ces techniques du « regard » sont de véritables techniques de pouvoir.