Actualité de la question des résistances : représentation légitime et contestations
Bibliographie conseillée :
Le Droit de résistance XII-XX siècle, Textes réunis par Jean-Claude Zancarini, ENS-Editions, Col. « Theoria », Paris, 1999
Thomas Hobbes, Eléments de la Loi naturelle et politique, Traduction D. Weber, Livre de Poche
John Locke, Lettre sur la tolérance et autres textes, trad. Jean-Fabien Spitz, GF-Flammarion.
Puis-je résumer de la façon suivante les quatre cours Pouvoir et Résistance de Claude Gautier :
« Il n’y a résistance que s’il y a force à laquelle s’opposer, une contrainte physique ou morale, en confrontation au sein d’un même système.
La résistance opère une rupture par rapport à un pouvoir absolu ou par rapport aux valeurs, principes ou normes sur lesquelles le souverain s’est engagé. Il s’agit le plus souvent de conflits d’interprétation qui reposent plus profondément sur des conceptions différentes de la société.
La stabilité du régime est assurée si le souverain et les citoyens fondent leur action sur la raison, dans le respect de la sphère d’initiative privée de chacun et du bien commun. »
Une telle analyse est précieuse pour bien comprendre ce qui s’est joué dans les combats populaires dans notre pays jusque dans les années 80.
Les difficultés grandissantes que rencontrent les mobilisations depuis ces années, apparaissent alors plus clairement :
1. les techniques du « marketing » visent à fausser la rationalité du public. Elles suggèrent des images, des représentations mentales pour orienter la perception de la réalité, créer des besoins et donc une clientèle sous contrôle. De la sorte, une fausse rationalité est créée, contraire au bien commun.
Ces techniques sophistiquées ont envahi le domaine politique, en constituent le professionnalisme. Par exemple pour opérer une fragmentation communautariste de la société : chaque « individu » est nié dans sa complexité, sommé de se conformer au stéréotype de son groupe présumé. Le voleur de poules, l’arabe fourbe et cruel, …, le garçon-type et la fille-type standardisés dès le berceau, l’homo hors-droit, les femmes subalternes, etc., le chômeur profiteur, l’élite vertueuse, etc.… Autant d’images fausses qui fondent des exclusions, des lois répressives et des privilèges..
2. Il n’y a plus de souveraineté que de plus en plus restreinte.
Toutes les activités humaines sont investies par la spéculation financière, sont soumises à des décisions délocalisées sur toute la planète, erratiques, éclatées sur des instances innombrables, contradictoires, non identifiables, souvent logées dans l’un des nombreux paradis fiscaux hors les lois. Inaccessibles.
Le système dans lequel citoyens et décideurs se confrontent est partiellement national, partiellement européen, partiellement mondial.
3. La multiplicité et la cupidité des décideurs financiers en luttes acharnées entre eux, a pour effet qu’il n’y a en aucun lieu de prise en compte d’un bien commun, aucune politique globale à moyen et long terme, aucune rationalité, aucun interlocuteur valable qui ne risque pas être démenti par un de ses concurrents. Les règles d’or que l’UMP nous a assénées dans la foulée de la crise ouverte en 2007 étaient en fait imposées depuis trente ans sur l’Amérique latine, sur l’Afrique, sur l’Asie provoquant partout inéluctablement des catastrophes pour les populations concernées. Pour notre perte, nous l’avons hélas ignoré. Ou plus exactement, non nous sommes crus à l’abri de ces turpitudes…
Les gouvernements nationaux sont réduits à se plier aux « conseillers », à recevoir et étouffer les protestations, commander les forces de répression… et utiliser les fonds publics selon les appétits de la finance.
Dans tous les pays, la donne est ainsi profondément transformée pour résister et conduire les combats nécessaires.
La résistance est à réinventer.